L’animal dans l’homme, l’homme dans l’animal
C’est à l’animal présent en chacun de nous, ou à l’homme présent en chaque animal, que nos deux artistes invités à investir ce lieu singulier s’adressent.
Vision anthropomorphique chez Gilles de Kerversau, l’animal miroir de l’homme, vision poétique et mythologique chez Frédéric Jager.

A l'autre pôle de la férocité, notre animalité rime avec notre part de liberté, de spontanéité, de pureté. Elle est l'innocence perdue, la force intérieure créatrice muselée par la culture, avec laquelle il nous faut renouer.

Une mise en scène insolite d’objets du quotidien issus de l’univers de la mode et de la maison, lesquels jouent la proximité décomplexée avec des œuvres d’art.
Ces objets révèlent les façons multiples dont l’homme s’approprie l’animal et l’intègre à son quotidien.

 

 

Loin des stéréotypes de La Fontaine, les sculptures animalières anthropomorphiques de Gilles de Kerversau figent dans le bronze sa vision acerbe ou tendre du genre humain au hasard de son expérience vécue. Sans s’oublier lui-même dans sa représentation du hibou ! Caricatures délicieuses, elles ne se contentent pas d’évoquer le rapport prédateur / proie. Elles ne concluent pas par une morale de fable, elles suggèrent des portraits en vous laissant un sourire à la commissure des lèvres. Une réminiscence personnelle sans doute ?

Ils sont une multitude, ours, corbeau, hibou, pigeon voyageur, vivant sous le bronze qui les a saisis. Pétris d’un fond de solitude, ils sont de bien étranges témoins. La grenouille est philosophe, l’ours inquiet, tel son créateur. Chacun d’eux est né pour raconter. Métamorphose d’une rencontre, d’une peur, d’une séparation, ou encore d’un départ, qui sait. Mais pour qui devient complice, il n’est plus, soudain, de distance entre l’homme et l’animal. On ne sait plus de l’homme ou de l’animal, du créateur ou de création, qui regarde l’autre.

La part d’animalité, souvent redoutée qui habite l’homme, prend les traits de l’innocence jusqu’à nous rendre des figures d’une gentillesse quasi surhumaine. Qu’importe. Ce monde parallèle, peuplé d’animaux tutélaires, vient témoigner d’une errance : celle d’un poète qui ne veut plus croire aux mots de l’homme. Celle d’un artiste qui n’entend plus le cœur des hommes. Bref, celle d’un homme qui craint l’homme. C’est vrai, le mystère n’est pas si grand, mais le talent de Gilles De Kerversau est immense.

SON PARCOURS

Né en 1949 à Aix-en -Provence. C’est en visitant régulièrement les Musées notamment l’art égyptien avec son père que sa vocation d’artiste animalier est née.

ÉCOLE DES BEAUX ARTS A PARIS ET VILLA MÉDICIS A ROME

Après une mention très bien décernée en 1972 par l’école des Beaux-Arts de Paris aux côtés de César et Charpentier, Gilles de Kerversau devient pensionnaire de la Villa Médicis sous la direction de Balthus et obtint le Prix de Rome en 1973. C’est à Rome que sa maitrise du bronze excelle avec la création des 12 scènes de la vie du Rhinocéros.

Quelques étapes :
Cité Internationale des Arts Paris 1975
Pratt Institut de New York, vente à Nathan Cummings 1978-1979
Atelier La Celle Saint Cloud : enseignement fonderie Scuderie 1980
Edition de sculptures en collaboration avec la Cristallerie DAUM pendant 10 ans depuis 1981
Galerie Chastel à Paris
Première fonderie et atelier dans la Sarthe

QUELQUES EXEMPLES DE COMMANDES

Ventes aux collectionneurs Mr et Mme Wertheim
Perroquet pour le vice-Président des Etats-Unis Al Gore
Sculpture monumentale en bronze du Berger Bélier pour un ensemble d’immeubles parisiens France Habitation en 1993
Sculpture monumentale « la fontaine du don paisible « Rambouillet pour Dorothée Chastel 1992
La Grenouille Philosophe pour la Ville du Mans
Sanglier grandeur nature pour le roi du Maroc Hassan II

 

 

 

Sa main est, aujourd'hui plus que jamais à l'heure de la maturité, celle d'un vrai sculpteur qui n'a pas besoin de se réfugier dans l'abstraction pour dissimuler ses faiblesses.
Il a le don de nous faire oublier la technique, tant ses créatures plus vraies que nature, transcendées par ses rêves, nous apparaissent célestes.
Perfectionniste, Frédéric Jager réalise la finition de ses bronzes, le ciselage et la patine.
Chaque ligne explose de vie, jusqu’à ces veines à fleur de peau.

Dans le regard vif du sculpteur, son apparente désinvolture, on devine la marque du talent, de la poésie, de l'espoir.
L’audace lui colle à la peau, comme le caractère sauvage à celle des chevaux. Une insoumission que l’on retrouve dans ses œuvres.
Ses chevaux, même au repos, semblent prêts à partir au galop, lancer un antérieur ou encore à secouer la tête. Mais le plus souvent, ils se cabrent sauvagement.
Ils semblent figés dans leur mouvement pour l’éternité. Une relation fusionnelle entre le créateur et l’animal.
 Il y a chez lui du Géricault, Caravage, Michel-Ange ou encore Rodin. Ils sont pour lui source d’inspiration et de grand respect.

Le « palmarès » de ce Jurassien est vertigineux.
Des commandes publiques d’œuvres monumentales à Maison Laffitte avec son cheval grandeur nature en bronze « Chaconne » ou la « Fontaine aux 3 chevaux » grandeur nature destinée au Musée Vivant du Cheval de Chantilly, les 2 statues équestres ornant le portail du Haras National de Besançon jusqu’aux grandes maisons telles que HERMES, NINA RICCI, porte-parole du luxe et de l’élégance française, nombreux sont les commanditaires qui ont fait appel à son talent.

Son œuvre n’est jamais copie mais création racée, fusionnelle, intime, intemporelle. Une vision intérieure. Frédéric Jager ne s’enferme pas dans un espace-temps.
Ce secret a pour nom « Équilibre ». Ses références au classicisme ne sont que prétexte à l’expression d’une force de vie.

Émerveillez-vous !
La griffe de la galeriste,
Véronique Nocquet